Chronique présentée par le Fonds d’assurance des municipalités du Québec

Quand on parle d’immunisation d’un bâtiment municipal, il ne s’agit pas de protection absolue, mais d’un ensemble de mesures concrètes qui réduisent sa vulnérabilité face aux principaux risques : inondations, incendies, séismes, vents violents ou encore pannes technologiques. L’objectif est simple : éviter le pire et protéger les services à la population.

Cette approche proactive s’inspire des meilleures pratiques en gestion des risques. Elle reconnaît que nos infrastructures municipales constituent l’épine dorsale de nos communautés et qu’une interruption de services peut entraîner des répercussions majeures sur la qualité de vie des citoyens et l’économie locale.

Chaque dollar investi en prévention permet non seulement de réduire les sinistres et les pertes financières, mais aussi de maintenir les services municipaux disponibles en tout temps. C’est un investissement durable pour les communautés qui génère des bénéfices tangibles à long terme.

Comment procède-t-on?

L’immunisation des bâtiments municipaux repose sur une démarche méthodique qui combine l’analyse des risques locaux, l’adaptation des solutions techniques aux spécificités de chaque installation et la mise en œuvre progressive des mesures prioritaires. Cette stratégie sur mesure permet d’optimiser les investissements tout en maximisant la protection.

1. Immunisation contre les inondations

• S’assurer que les installations électriques, mécaniques et informatiques soient suffisamment surélevées pour éviter tout contact avec l’eau en cas d’infiltration.
• Installer des clapets antiretours pour limiter les refoulements d’égout.
• Maintenir libres de toutes obstructions les drains de planchers et les fosses de retenue des eaux.
• Assurer la fonctionnalité des pompes de puisard et prévoir l’utilisation d’une source d’énergie alternative en cas de panne de courant telle que l’installation d’une génératrice ou l’utilisation de batteries.
• Construire des digues ou murs de protection permanents ou temporaires.
• Aménager des zones tampons : bassins de rétention, surfaces perméables.
• Maintenir une pente du sol adéquate afin d’assurer un drainage de l’eau loin d’un bâtiment.
• Étanchéiser les fondations et sous-sols.

2. Immunisation contre les incendies

• Installer des systèmes de protection du bâtiment tels que : alarme incendie reliée, gicleurs, détecteurs de fumée supplémentaires, etc. 
• Assurer la compartimentation des aires de planchers à l’aide de séparations coupe-feu et de portes pare-flamme.
• Maintenir dégagées les voies d’accès et les bornes d’incendie afin d’assurer une intervention rapide des pompiers en situation d’urgence.
• Assurer une bonne gestion des lieux en évitant toutes activités à risque, tant à l’intérieur qu’à proximité d’un bâtiment (foyers extérieurs, feux d’artifice, utilisation de flamme nue ou de chandelles à l’intérieur, etc.).

3. Immunisation contre les séismes

• Assurer le renforcement de la structure à l’aide de contreventements, d’ancrages, etc.
• Assurer un bon maintien en place des équipements essentiels au bâtiment et faire évaluer le respect des normes parasismiques de certains systèmes, notamment pour les gicleurs.

4. Immunisation contre les vents violents

• Assurer que les toitures et fixations soient bien assujetties aux structures et prévoir leurs réparations promptement au besoin.
• Protéger les vitrages (volets, pellicules anti-éclats).
• Assurer un dégagement suffisant entre les bâtiments et toute végétation (particulièrement les arbres) pouvant causer des bris importants au bâtiment.

5. Immunisation numérique et technologique

• Assurer une programmation permettant une sauvegarde hors site quotidienne et une redondance des systèmes.
• Assurer une alimentation électrique des systèmes informatiques en cas de panne de courant par l’utilisation d’une source d’énergie alternative telle que l’installation d’une génératrice ou l’utilisation de batteries.
• Maintenir à jour les systèmes de protection en cybersécurité afin d’éviter les risques de cyberattaques et d’hameçonnage.
• Assurer une formation rigoureuse et régulière des employés face aux différents risques numériques et informatiques.

Pourquoi investir?

Ces mesures peuvent sembler exigeantes, mais elles coûtent toujours moins cher qu’un sinistre. L’expérience des dernières années au Québec le démontre clairement : une inondation dans un sous-sol rempli d’équipements informatiques peut paralyser une ville entière, forçant ainsi les citoyens à se déplacer vers d’autres municipalités pour obtenir des services essentiels. Une panne de courant mal anticipée peut entraîner des fermetures de services au public créant notamment des files d’attente et de la frustration chez les citoyens.

En investissant dans la prévention, une municipalité assure :

• des services continus aux citoyens;
• une réduction des pertes de revenus (permis, services, activités);
• des primes d’assurance plus stables;
• une meilleure préparation, de meilleures interventions d’urgence au besoin et une plus grande résilience de la communauté face aux différents aléas.

Prévenir, c’est jouer en équipe! La municipalité, le Fonds d’assurance des municipalités du Québec et les citoyens sont tous gagnants dans cette démarche collective de protection de nos infrastructures publiques.

Par Frédéric Moisan, coordonnateur à la prévention des sinistres au Fonds d’assurance des municipalités du Québec